Il y a cinq types à considérer. Ces types forment un continuum de cinq catégories oscillant entre deux approches : l'approche référentielle, qui consiste à utiliser les mots-clés du texte ; et l'approche thématique, qui au contraire, consiste se détacher du texte, pour mieux l'encadrer.
Sources
[Ja-1] Marie-Paule Jacques, « Structure matérielle et contenu sémantique du texte écrit », corela.revue.org, vol. 3, n° 2, 2005, p. 14-17.
[Ja-2] Marie-Paule Jacques et Josette Rebeyrolle, « Titres et structuration des documents », ISDD (International Symposium: Discourse and Document), Caen (France), 15–16 juin, 2006, p. 1-12.
[So-1] Olivier Soutet, Linguistique, PUF, 2011.
Repères terminologiques
Lexique. Ensemble de mots porteurs de sens. Il s'agit de mots nécessairement liés à un seul et unique concept, c'est-à-dire une seule et unique définition, qui servira à les distinguer les uns des autres.
Le lexique de notre en-tête (Repères terminologiques) met en jeux deux concepts : l'un est attaché à la notion de repère ; l'autre, à la notion de terminologie. (Pour les moteurs de recherche, ces deux notions seront des mots-clés qui serviront à indexer notre page.)
Syntagme. Segment constitutif d'un en-tête ou d'une phrase. Les linguistes distinguent syntagme nominal, déterminant plus groupe nominal (se réduisant éventuellement à un substantif), et syntagme verbal, qui lui ajoute un verbe devant le syntagme nominal ([So-1] Partie III, chap. II, p. 289).
Référent. Syntagme tiré du texte, directement repris dans les en-têtes, sans aucune modification ; ou, à l'inverse, syntagme, tiré d'un en-tête, que l'on reprendra directement dans le texte, toujours sans modification.
Mécanismes de reprise
En-têtes (titres et sous-titres) d'un texte et texte lui-même s’interpénètrent au travers de mécanismes de reprise. Ceux qui reviennent le plus souvent sont les suivants :
- Reprise telle quelle de l'en-tête dans le texte (aucune modification).
- Reprise complète du lexique de l'en-tête, avec modification.
- Reprise partielle du lexique de l'en-tête.
- Utilisation d’un pronom.
- Utilisation d’une phrase de présentation (il s’agit de…).
- Utilisation d’une formule de conversion (reprise du substantif comparaison au travers du verbe comparer).
- Reprise immédiate de l'en-tête dans la première phrase du paragraphe qui suit le titre, ou au contraire reprise différée.
- Combinaison de la reprise avec une autre reprise (c'est-à-dire reprise faisant référence à un autre en-tête).
- Utilisation répétée de la reprise.
[…] les titres participent doublement à la construction de la sémantique du document, non seulement ils segmentent et hiérarchisent [marquage typo-dispositionnel], mais leur propre contenu sémantique interagit avec le contenu sémantique du reste du texte.
Marie-Paule Jacques et Josette Rebeyrolle. [Ja-2] Page 3.
Approche référentielle
Marquer (au sens mettre en relief). L’approche référentielle consiste à utiliser les en-têtes pour marquer le sujet des contenus.
Dans ce cadre là, il y a un premier type d'en-tête à considérer :
L'en-tête focalisateur : reprise d'un syntagme déjà utilisé en amont (dans l'accroche des articles notamment) suivie d'une seconde reprise dans le texte subséquent ;
Les deux autres types à considérer sont :
L'en-tête installateur : [reprise de l'en-tête] [suite du texte] ;
L'en-tête préparatoire : [introduction] [reprise de l'en-tête] [suite du texte].
Source. — Marie-Paule Jacques. [Ja-2] Pages 5-6.
Simplicité et reprise unique, sans modification. Sur la forme, on observe que les en-têtes les plus typiques de l’approche référentielle sont toujours simples (deux ou trois mots au maximum, pas de ponctuation ni de juxtaposition [pas de « et » ni de « ou »]) et qu’ils ne sont repris qu’une seule fois (le plus souvent au tout début des phrases, comme sujet, et sans aucune modification).
Les en-têtes [PUREMENT référentiels] sont exclusivement voués à la gestion des référents du discours. Une caractéristique formelle essentielle de ces titres, liée à leur fonction, est qu’ils sont formés de syntagmes nominaux, parfois réduits à un nom seul.
Marie-Paule Jacques. [Ja-1] Page 14, § 57.
Remarque. — Il faut savoir que les en-têtes référentiels ne sont pas forcément repris complètement. Notre premier paragraphe (L'approche référentielle consiste à…) aurait très bien pu commencer par « cette approche… » au lieu de « l'approche référentielle… ». Cela n'aurait rien changé au caractère référentiel de notre titre.
Attention aux en-têtes faussement référentiels
L'en-tête de section ici considéré « Approche référentielle » a un caractère référentiel, certes. Mais le fait qu'il soit repris dans les autres paragraphes de la section doit nous interroger sur le fait qu'il intègre aussi un caractère thématique (voir infra).
Approche thématique
Encadrer. L'approche thématique ne sert pas à marquer, elle sert à encadrer le sujet des contenus. Le but est produire des en-têtes qui définiront la structure des contenus.
[…] les titres sont hiérarchisés [marquage typo-dispositionnel (police, graisse, corps)] et cette hiérarchisation se répercute sur les sections titrées. De ce fait, […] le texte peut être appréhendé […] comme une structure faite d’éléments de plus haut niveau englobant d’autres éléments, hiérarchie qui n’est assurément pas neutre.
Marie-Paule Jacques et Josette Rebeyrolle. [Ja-2] Page 3.
Pas de reprise. Sur la forme, et dans son acception la plus stricte, l'approche thématique consiste à utiliser des en-têtes ne faisant intervenir aucune reprise.
Les en-têtes [PUREMENT thématiques] n’introduisent aucun référent dans le discours, ils indiquent au lecteur que ce qui suit relève d’un certain point de vue […] et, ce faisant, lui fournissent un cadre interprétatif pour l’ensemble du propos subséquent.
Marie-Paule Jacques. [Ja-1] Page 16, § 75.
L'approche thématique n'exclut pas l'usage de référents
Notre titre de page « Types reliés à l'implication des en-têtes… » ne peut être considéré ni comme un en-tête purement référentiel (il ne fait l'objet d'aucune reprise, en l'état) ni comme un en-tête purement thématique (le substantif « types », qui est le principal élément à considérer, fait l'objet d'un grand nombre de reprises).
Il s'agit en fait d'un en-tête de page hybride mêlant composantes thématique et référentielle, avec un avantage à la composante thématique, du fait même de la multiplication des reprises du premier élément (substantif « types ») d'une part, et de la non reprise de l'élément suivant (participe « reliés ») d'autre part. (Les éléments de troisième rang ne comptent pas vraiment.)
Sur la forme, il apparaît que les en-têtes de ce type sont toujours beaucoup plus élaborés (ponctuation/juxtaposition/phrase) que les en-têtes purement référentiels ; et qu'en plus leurs éléments lexicaux peuvent faire l'objet de plusieurs reprises, lesquels seront le plus souvent éparpillés dans le texte (sans forcément apparaître au tout début des phrases, en tant que sujet).
Un continuum de cinq catégories
Les approches référentielle et thématique sont les deux pôles d'un continuum de cinq catégories :
Catégorie A. Cette catégorie désigne les en-têtes purement référentiels. « Le type (A) représente les titres référentiels par excellence » (Marie-Paule Jacques. [Ja-1] Page 14, § 57).
Catégorie B. Cette catégorie désigne les en-têtes qui juxtaposent, dans l'ordre suivant : une composante référentielle (première partie de l'en-tête), puis, une composante thématique.
[Les titres (B)] présentent la particularité de pouvoir être segmentés en deux parties : une première partie exprime le référent [ce dont on va parler, le sujet], une seconde partie exprime une prédication [ce que l'on à dire sur le sujet, le propos] ou un cadrage thématique par rapport à ce référent, et c’est la première partie qui fait l’objet d’une reprise.
Marie-Claude Jacques. [Ja-1] Page 15, § 67.
Catégorie C. Cette catégorie désigne les en-têtes dont l’implication est à parts égales référentielle et thématique. Les en-têtes de ce type agrègent les mots-clés qui se situent au début du texte (dans la première phrase ; éventuellement, dans les deux premières).
La différence […] avec les titres (B) réside dans le fait que les reprises […] se répartissent au fil du texte, avec une possibilité de variation morphologique de certains mots.
Marie-Claude Jacques. [Ja-1] Page 15, § 70.
Catégorie D. Cette catégorie désigne les en-têtes thématiques qui ont « un rôle dans la gestion des référents » (Marie-Paule Jacques. [Ja-1] Page 15, § 71). Il y a trois sous-catégories à considérer :
Catégorie D1. Cette catégorie, symétrique de la catégorie B, désigne les en-têtes qui juxtaposent — dans l'ordre — composante thématique puis composante référentielle.
Catégorie D2. Les en-têtes de ce type ont pour fonction d'agréger les thèmes qui seront déployés dans le texte — au travers de reprises qui apparaîtront aussi bien dans les en-têtes de plus bas niveau que dans les paragraphes.
Exemple,
En-tête de page (titre) : Fonctionnalités et architecture technique des CMS
Premier en-tête de section (sous-titre) : Fonctionnalités des CMS
Second en-tête de section : Architecture technique des CMS
Catégorie D3. Les en-têtes de ce type sont à rapprocher de la catégorie précédente. Mais au lieu d'agréger les thèmes sous-jacents, ils serviront maintenant à ancrer — toujours au travers des reprises — les points de vue à développer.
Exemple,
En-tête de page : Positionnement général des CMS
Premier en-tête de section : CMS et Web 2.0
Deuxième en-tête de section : CMS et Webmarketing
Troisième en-tête de section : CMS et gestion de projet
Catégorie E. Cette catégorie désigne les en-têtes purement thématiques, à l’opposé de la catégorie A. Autrement dit, « le type E représente le parangon du titre thématique » (Marie-Paule Jacques. [Ja-1] Page 16, § 74).
Pour caractériser les en-têtes, procéder par élimination
Notre en-tête de page « Types reliés à l'implication des en-têtes… » n'appartient ni au type A (en-têtes purement référentiels) ni au type E (en-têtes purement thématiques).
La multiplication des reprises de ses éléments lexicaux excluent les type B et C.
La dimension thématique du premier élément lexical (voir supra) et la sophistication de son format nous invitent à conclure qu'il s'agit d'un en-tête à implication thématique puis référentielle, c'est-à-dire un en-tête de type D ; et plus exactement, de type D1, par élimination des types D2 (agrégation des en-têtes de plus bas niveau) et D3 (utilisation de l'en-tête comme point d'ancrage.)
Points de repère
Point no 1. Privilégier le caractère thématique avec les méta-descripteurs (titres des rubriques et des sous-rubriques).
Point no 2. Mixer les composantes thématique et référentielle avec les descripteurs de thématiques globales (titres des pages élémentaires).
Point no 3. Privilégier le caractère référentiel avec les descripteurs de thématiques locales (sous-titres des rubriques et des pages élémentaires).
Mais attention, ces règles doivent s'appliquer avec discernement… car « il existe des affinités entre certains types de titres et certains genres » (M.-P. Jacques et J. Rebeyrolle. [Ja-2] Page 12). Dans le cas particulier des discours présentant un caractère didactique, on observe que les descripteurs locaux intègrent très souvent une composante thématique.